GDH – Cours 2023

Les sciences sociales, comme les sciences historiques ou la sociologie, interrogent nos rapports à la vie, à l’imaginaire des cycles du vieillissement et aux rapports sociaux entre les âges depuis de nombreuses années. En Europe, l’espérance de vie est passée de 45 ans en 1900 à 83 ans en 2020, ce qui constitue un bon exemple du changement structurel de nos sociétés occidentales. De même, la mortalité infantile en France, située à 143‰ en 1900, va atteindre à 3,6‰ en 2020. Ces deux indicateurs statistiques illustrent un nouveau rapport au monde des âges de la vie.L’enfance, l’adolescence, la jeunesse, la maturité, l’âge des actifs, puis le troisième âge et maintenant le quatrième âge, sont autant des catégories pour appréhender des transformations sociales de grandes envergures. De quelles natures sont les changements sans précédents intervenus dans les âges de la vie ces dernières générations ? Pour répondre à ces interrogations, le cours proposera des approches variées qui croisent différentes disciplines, en particulier l’histoire et la sociologie, mais aussi l’économie, les sciences politiques et l’anthropologie.Ces deux journées d’étude seront l’occasion de fédérer des Ecoles (Secondaire I, Secondaire II professionnel et gymnase, HETSL), des enseignants de différents niveaux et des disciplines enseignées. Ces deux journées proposeront à la fois des conférences sur le thème des âges de la vie mais également des ateliers qui présenteront du matériel et des modules d’enseignement qui ont été réalisés avec des élèves du Secondaire II.
Dominique Dirlewanger, Louis-Philippe L’Hoste.

Mercredi 13 septembre 2023 :

• 09h00 -9h15 : Ouverture de la session, Alessandro Pelizzari, Directeur de la HETSL.
  09h15- 9h45 : Présentation du réseau Age, vieillissements et fin de vie (AVIF), Oana Ciobanu, António Magalhães De Almeida, Melissa Ischer.
  10h15-11h45 : Mathilde Rossigneux-Méheust. Maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Université Lyon 2.
  Vieillir en institution (XIXe-XXe siècle) : une expérience stigmatisante ?
  Pourquoi l’hospice de la Révolution française aux années 1970 a-t-il été décrit comme un mouroir, un lieu de relégation sociale et un espace réservé aux plus marginaux? En fondant cette communication sur les archives de la pratique d’assistance, cette intervention consistera à interroger les conditions sociales de production de cette fin de vie en institution. Que disentelles des publics accueillis, des rapports sociaux en institution, et surtout de la relégation des personnes âgées dans les sociétés urbaines contemporaines en France ?
• 13h15-14h30 : Annamaria Colombo, Professeure, Haute école de travail social, Fribourg.
  Jeunes et espaces urbains
  Alors que les enfants se socialisent principalement dans des espaces privés (notamment la famille) et institutionnels (notamment l’école), le passage à l’adolescence entraîne une exploration accrue de l’espace public. En se réunissant avec leurs pairs pour écouter de la musique, faire du sport ou peindre des graffitis, par exemple, les jeunes se familiarisent avec l’espace public et affirment leur droit de l’occuper à leur manière, ce qui peut parfois entraîner des incompréhensions, voire des tensions avec les adultes. Comment comprendre leurs pratiques spatiales, leurs risques, mais aussi leurs potentialités ?
• 14h45-16h00 : Caroline Henchoz, Professeure, Haute école de travail social, Lausanne.
  « Saisir l’adolescence à travers la micro-économie familiale »
  Comment sommes-nous passés de l’adolescent.e contributeur.trice de revenus à l’adolescent.e précieux, coûteux ? Cette présentation se fonde sur une recherche socio-historique menée en collaboration avec les historiennes Anne-Françoise Praz et Caroline Rusterholz auprès de personnes qui ont été adolescent×e×s entre les années 1930-1970 pour mieux comprendre le rôle économique des adolescent×e×s au sein de la famille. Nous verrons que s’il a changé au fil des décennies, on retrouve quelques traces du passé encore aujourd’hui chez les adolescent×e×s des milieux les plus précaires.
• 16H00-17h00 : Carola Togni, Professeure, Haute école de travail social, Lausanne et Dominique Dirlewanger, Historien, maître de gymnase et chercheur associé à l’université de Lausanne.
  Lab. Histoire de la sécurité sociale. Une ressource open access pour l’enseignement au niveau secondaire II.
  « A la suite d’une présentation de la plateforme pédagogique et des premières expériences pilotes d’enseignement à partir de celle-ci, cet atelier vous propose de parcourir et de discuter quelques exemples d’unité d’enseignement. L’atelier se veut participatif, si possible merci d’amener un ordinateur portable. »

Jeudi 14 septembre 2023

• 09h00-10h30 : Vincent Caradec, Professeur des universités, Université de Lille.
  L’épreuve du grand âge.
  Les recherches sociologiques francophones sur la vieillesse ont porté, dans un premier temps, sur la structuration sociale de cet âge de la vie et sur le groupe d’âge des « personnes âgées ». Plus récemment, une nouvelle orientation s’est fait jour, qui a adopté un point de vue dynamique en cherchant à appréhender le vieillissement individuel. Cette communication vise à présenter cette approche en privilégiant les travaux qui ont entrepris de caractériser les transformations du rapport à soi et au monde dans le grand âge à partir des concepts de déprise et d’épreuve.
• 11h00-12h30 : Anne Perriard : Adjointe scientifique, Sociologue, Haute école de travail social, Genève.
  L’âge dans les politiques sociales
  Programmes d’insertion, rentes-pont, allocations familiales, droit de vote : l’accès à ces droits et ces prestations est lié à des catégories d’âge. Au cours de cette présentation, nous allons questionner l’usage de l’âge par les politiques sociales afin de montrer qu’il s’agit d’une catégorie construite, fluctuant dans l’espace et le temps, qui justifie des hiérarchies.
• 13h30-15h00 : Marc-Antoine Berthod, Professeur Haute école de travail social, Lausanne.
  Transitions funéraires et deuil dans le grand âge
  Les façons de vivre un deuil – et particulièrement à la suite de la pandémie de la Covid-19 – tendent à se diversifier : usages de nouvelles technologies pour communiquer ou partager des souvenirs ; personnalisation du traitement des défunt·e·s, des obsèques et des traces mémorielles ; innovations écologiques dans les cimetières et les sépultures. Cette présentation exposera quelques facettes de cette transition funéraire et la mettra en perspective avec la façon de vivre un deuil, notamment chez les personnes âgées de plus de quatre-vingts ans. Basée sur un projet de recherche ethnographique en cours, financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, la présentation évoquera plus spécifiquement le rôle des professionnel×le×s du funéraire et les reconfigurations relationnelles qui surviennent durant la première année de deuil pour réfléchir à la place que la mort occupe dans notre société contemporaine.
• 15h15- 16h30 : Louis-Philippe L’Hoste, enseignant de sociologie et d’histoire, Gymnase de Morges.
  Sociologie des âges de la vie, recueil, approches didactiques
  Qu’apprennent les sciences sociales comme la sociologie et l’histoire à des élèves de 17-18 ans ? Propositions de quelques pistes didactiques à partir de recueils de sociologie qui sont destinés à des élèves de gymnase de 2e et 3e année en École de culture générale option Travail social. L’un de ces recueils : « Les âges de la vie » sera distribué aux participant·e·s du cours. Il sera fait la démonstration de séquences d’enseignement possibles ainsi que des retours d’élèves sur ce type de module.